Les forêts tropicales

La forêt tropicale est un terme général qui désigne toutes les zones boisées situées entre le tropique du Cancer et le tropique du Capricorne. Les deux principaux types de forêt tropicale sont connus sous le nom de forêt tropicale humide (qui comprend la forêt pluviale) et de forêt tropicale séche. On estime que 5 pour cent des terres émergées du globe sont encore couvertes de forêts tropicales humides - Amérique latine, Afrique et Asie du Sud­Est - et que la forêt tropicale, sous toutes ses formes, représente environ 10 pour cent de la surface du globe.

La forêt tropicale et, en particulier, la forêt humide, est un milieu extrêmement fragile, aux éléments étroitement liés, et présentant une importance cruciale, non seulement pour les plantes, les animaux et les humains qui y vivent, mais aussi pour le bien­être de l'ensemble de la planète. Chaque année, non moins de 20 millions d'hectares de forêt tropicale (deux fois la superficie de l'Islande) disparaissent ou sont gravement endommagés. Si la destruction se poursuit à ce rythme, cette forêt aura pratiquement disparu d'ici quarante ans.

L'importance des forêts tropicales

La biodiversité des forêts tropicales dépasse, de loin, celle de tous les autres écosystèmes terrestres de la planète. Ces forêts abritent en effet non moins de 50 pour cent et peut­être 90 pour cent de toutes les espèces végétales et animales du monde, dont seule une infime partie a été décrite et, pratiquement pas encore, étudiée de près.

Nombre d'espèces végétales se trouvant dans la forêt tropicale sont utilisées par l'industrie pharmaceutique. Par exemple, la pervenche rose des forêts de Madagascar fournit des alcaloïdes qui sont utilisés dans le traitement de la maladie de Hodgkin et d'autres formes de cancer, et grâce auxquels le taux de rémission de la leucémie des enfants est passée de 20 pour cent en 1960 à plus de 80 pour cent aujourd'hui. L'Institut américain pour le cancer a répertorié plus de 1 400 plantes de forêt tropicale possédant des propriétés anticancéreuses. Parmi les autres substances médicinales originaires de la forêt tropicale figurent la quinine (extraite de l'écorce d'un arbre latino­américain), utilisée pour combattre la malaria; des substances servant à réduire l'hypertension artérielle (dérivés de la serpentaire indienne); et la pilule contraceptive (dont une substance de base provient de l'igname). Il faut néanmoins savoir que les propriétés médicinales de plus de 99 pour cent des plantes des forêts tropicales restent encore à découvrir et que, si la destruction se poursuit, nous risquons fort de perdre, à jamais, un potentiel infini de plantes qui auraient pu servir à traiter des hommes aussi bien que des animaux.

La forêt tropicale, source de nourriture extrêmement précieuse, nous fournit une multitude de fruits, tels que banane et ananas, café, cacao et épices. Des études récentes ont permis de découvrir, entre autres, une espèce de café naturellement dépourvue de caféine et le haricot ailé, particulièrement riche en protéines et vitamines, déjà cultivé dans une cinquantaine de pays. Parmi les autres substances utiles à l'homme issues des tropicales figurent aussi des huiles essentielles, gommes, résines, cires, édulcorants, condiments, pesticides et colorants.

La plupart des aliments et des médicaments tirés des plantes ont été découverts grâce au savoir ancestral des populations autochtones, qui perdent leurs droits, leur mode de vie et leurs moyens de subsistance au rythme du déboisement. A mesure que les forêts tropicales sont rasées, les peuples qui y vivaient depuis des millénaires en parfaite harmonie avec la nature sont forcés de partir, et certains disparaissent même complètement - depuis le début du siècle, plus de 90 tribus différentes se seraient éteintes dans la seule région de l'Amazonie. Et avec eux, c'est un peu de notre mémoire collective qui disparaît à tout jamais.

Les forêts tropicales jouent aussi un rôle essentiel dans la régulation du climat, sur le plan local et à l'échelle planétaire, en maintenant l'équilibre thermique à la surface du globe et en régularisant le cycle des précipitations. Elles contribuent en outre à réduire l'impact destructeur des pluies diluviennes, en ralentissant le ruissellement et en atténuant l'érosion des sols. Les inondations dévastatrices qui ont frappé récemment l'Inde et le Bangladesh sont directement liées au déboisement de l'Himalaya. Les propriétés de rétention que possèdent les forêts peuvent réduire les risques de sécheresse aussi bien que d'inondation.

Comment détruisons­nous les forêts tropicales?

Jusqu'au milieu du 20e siècle, la destruction des forêts s'est surtout concentrée dans les régions tempérées. Depuis une trentaine d'années, c'est au tour des tropiques de subir des destructions et des dégradations massives. Les forêts tropicales poussent sur des sols très pauvres et sont tributaires d'un système de recyclage naturel extrêmement compliqué, qui contribue à leur riche diversité biologique. La moindre perturbation de cet équilibre écologique peut cependant être fatale à ce système, pour la survie des espèces.

Si le profit à court terme est la plus fréquente, les causes de la déforestation sont néanmoins multiples: culture sur brûlis et élevage de bétail en Amérique latine; exploitation forestière et développement agricole en Asie du Sud­Est; satisfaction des besoins en bois de feu et en petites parcelles agricoles en Afrique. Le déséquilibre du commerce Nord­Sud, les difficultés économiques, l'expansion démographique, le développement industriel et, dans certains cas, l'appât du gain de certains individus, sociétés et gouvernements, sont autant de facteurs de destruction des forêts tropicales.

Des politiques et une gestion avisées mais avant tout, une plus grande prise de conscience à tous les niveaux, devraient permettre non seulement de préserver les dernières forêts tropicales de la planète, mais aussi d'en faire des sources de revenus intéressantes et durables pour les populations qui y vivent. Des progrès limités ont certes été accomplis dans certaines régions, mais nous n'avons malheureusement pas encore fini de nous acharner sur l'une de nos ressources les plus vitales.

Le WWF et la forêt tropicale

Le WWF soutient plus de 135 projets liés aux forêts tropicales, dans 45 pays. Ces projets sont orientés vers la conservation pratique, la recherche scientifique, la sensibilisation et l'éducation. De plus, le WWF s'attache à convaincre différentes instances nationales et internationales à modifier leurs politiques sur certaines questions clés, et mène des recherches économiques et politiques.

Que pouvez­vous faire?

  • Lorsque vous achetez des articles en bois de feuillu tropical, vérifiez qu'il s'agit bien de bois issu d'exploitations durables. Si vous n'en trouvez pas, optez pour du bois non tropical.

  • Ecrivez aux détaillants qui vendent des produits fabriqués à partir de bois tropicaux issus d'exploitations non durables, pour leur dire pourquoi vous n'achèterez pas leurs produits.

  • Ecrivez aux autorités locales, municipales ou nationales pour leur demander ce qu'elles font pour réduire la consommation de bois de feuillu issu d'exploitations.

  • Ecrivez à votre gouvernement national pour lui exprimer les préoccupations que vous inspire la déforestation tropicale. Demandez­lui ce qu'il fait pour s'assurer que les bailleurs de fonds ne participent pas à des projets d'assistance et de développement portant préjudice aux forêts tropicales

Septembre 1992


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